dimanche 23 juillet 2017

825 Le continent disparu et retrouvé de la tactilité

Le manque tactile aigu est la base du malheur humain. Après la rupture du contact avec la mère, lors de la naissance, le petit humain est sans cesse cajolé, touché, câliné, si tout se passe au mieux. Pour son malheur, vers l'âge de quatre ans environ survient le très violent sevrage tactile. De celui-ci les êtres humains généralement ne se relèvent jamais, sauf de très rares cas. Ils sont brisés physiquement et moralement. Et quand ils chercheront à nouveau le contact perdu, ce sera à travers la caricature de ce qui sera présenté comme « la sexualité », et qui est très souvent un pâle reflet et une caricature du toucher. Ne serait-ce qu'en considérant la surface de peau concernée par nombre de prétendus « rapports sexuels » en comparaison de la surface de peau concernée par des rapports tactiles effectifs. Les premiers concerneront juste quelques zones réduites abusivement baptisées « zones érogènes ». Les seconds concerneront de très larges zones épidermiques. J'ai l'habitude de résumer en disant : « vingt centimètres carrés d'un côté, deux mètres carrés de l'autre. » C'est abrupt, mais ça dit bien ce que ça veut dire.

Le silence tactile est la source de nombreux troubles divers, comportementaux ou de santé. L'être humain en grave carence tactile réagira à ce manque de multiples façons : obsession du matériel, de se sentir « posséder » des choses, crises de peur panique de la mort survenant de temps en temps par périodes de par exemple une semaine, obsession de l'autre sexe, hostilité à son égard, peur des autres, violence, addictions diverses : alcool, cigarette, drogues, tranquillisants, comportements superstitieux ou sectaires, spiritualité excessive et perte du contact avec la réalité, pathologies diverses et pas seulement « psy », anorexie, boulimie, fatigue, sentiment d'ennui, d'isolement, d'inutilité, d'abandon, soucis de santé dit « psychosomatiques », etc.

La tactilité est comme un immense continent disparu à l'intérieur de chacun de nous. Comment la retrouver ? J'ai suggéré des thérapies simples passant par le toucher neutre et rassurant. L'idée n'a pas paru plaire à une personne avec laquelle j'ai discuté. Elle a connu des agressions physiques, auraient besoin d'un traitement pour s'en remettre, mais le refuse en déclarant le remettre « à plus tard ». La peur issue des agressions vécues a générée en elle une peur de la peur. Elle ne veut pas tenter une thérapie pacifique qui la confronterait à sa peur. Thérapie qui peut être interrompue à chaque instant sur simple demande et sans justificatif.

Pour surmonter ici la peur, il faudra sans doute banaliser le traitement permettant la réintroduction de la tactilité. Moins évoquer les réparations des blessures de l'âme à opérer après des drames vécus, mais simplement évoquer une amélioration de vie possible pour tous. Les personnes blessées moralement et – ou – physiquement au cours de leur vie viendront forcément avec les autres profiter de la réintroduction dans la tactilité.

La tâche est immense et à portée de doigts. Elle permettra de redécouvrir ou découvrir bien mieux la Nature en l'homme. Et aussi de débrouiller la confusion tactile sexuel. Si le sexuel existe, il n'en demeure pas moins que sa zone de référence est très réduite. Il existe une tactilité qui a une place bien plus importante dans la vie des humains, bien qu'elle soit niée, ignorée, déformée. Il n'est pas rare de voir confondu le tactile avec le sexuel et lui attribuer cette qualité. Un exemple parmi d'autres est représenté par la prétention de proclamer « sexuel » la satisfaction de la tétée chez les bébés. Celui qui a affiché cette opinion conservant encore un très grand prestige auprès d'un très grand nombre de gens en qualité de spécialiste de l'être humain.

La redécouverte de la tactilité mettra des années, mais elle est belle, agréable, passionnante et quelquefois surprenante. Elle remet beaucoup de choses à leur juste place et nous offre une vision clarifiée des choses et des gens.

Basile, philosophe naïf, Paris le 23 juillet 2017

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