mercredi 26 juillet 2017

831 Peut-on auto-produire son bonheur ?

Il y a une trentaine d'années, je regardais une émission de télévision. Sur un plateau on voyait se dérouler un débat avec une ex ballerine danseuse étoile, qui avait fait vœu de perpétuelle virginité au sein de l'église catholique. Cette femme ayant formulé ce vœu se définissait comme étant une « vierge consacrée ». Face à elle il y avait plusieurs interlocuteurs cherchant à la déstabiliser. En même temps on les sentait gênés. Car leur interlocutrice très jolie dégageait un sentiment de bonheur extatique. On la sentait se sentir très bien dans la démarche sexuelle qu'elle avait choisie.

À l'inverse, je connais une femme qui m'explique qu'elle éprouve souvent et franchement l'envie de faire l'amour. Chose qui n'arrive pas, ce qui la déçoit fortement.

De ces deux dames aux démarches contradictoires, peut-on dire que l'une a raison et l'autre tort ? Qu'elles ont toutes les deux une démarche légitime et différente ? Laquelle est plus proche du bonheur ? Et qu'est-ce que le bonheur ?

Le bonheur corresponds à un dégagement interne d'endorphines. Ce sont des drogues naturelles. Dans une certaine mesure cette émission dépend de nous et pas de ce qui nous arrive précisément. Ce qui signifie qu'on peut se rendre heureux à priori avec n'importe quoi, dans n'importe quelle situation. Il suffit de s'autosuggestionner que tout va bien pour que, dans une certaine mesure, nous nous sentions bien.

Cependant, cette faculté a ses limites. Déjà face aux contraintes de la réalité. Elles pourront contribuer à nous délivrer du fantasme, du songe, de la rêverie qui nous met en joie. C'est pourquoi il est préférable que les conditions de vie que nous rencontrons correspondent vraiment au bonheur.

Ce qui soulève la question : existe-t-il un bonheur objectif, si oui à quoi correspond-t-il ?

Si j'observe ces deux dames aux démarches contradictoires, je ne peux qu'enregistrer leur point de vue. Étant donné ses propos et l'impression qu'elle donne, je peux penser que la première est heureuse. Et que la seconde serait heureuse à condition de connaître la réalisation de ses rêves.

Sinon, je peux aussi considérer que ces deux dames sont des êtres humains ayant tous les mêmes besoins précis. Que s 'ils sont satisfaits elles iront tout à fait bien.

Là ma démarche philosophique suscitera les hurlements de certains de mes interlocuteurs. Comment ? Nous ne serions pas des êtres parfaitement uniques, dotés de sentiments et réactions parfaitement uniques ? Et bien non, nous ne sommes que la déclinaison répétée d'une même demi personne : l'être humain homme ou femme. Si nous parvenons à comprendre dans une mesure suffisante comment elle fonctionne, nous pouvons significativement améliorer notre vie.

Revenons aux deux dames du début de cette page. Si ça se trouve elles éprouvent toutes les deux la très banale réaction féminine hostile au harcèlement sexuel des mâles obsédés en permanence par le coït mécanique. L'une et l'autre sr défendront alors chacune à sa façon. La seconde insistera pour affirmer une sexualité qu'elle ne vit pas. Pourquoi ? Parce que les hommes qui l'attirent ne veulent pas d'elle, pardi ! Comme par hasard ils seront tous dans ce cas. Ce discours sexuel dissimulera un très banal rejet au nom de l'amour des hommes baiseurs sommaires. Ce rejet sera fait par l'autre dame au nom de Dieu. Deux démarches apparemment différentes, un même but. Par derrière le mur des mots il faut savoir identifier la réalité des intentions et des situations vécues. Ces deux dames fuient, évitent ou repoussent les hommes harceleurs en brandissant chacune un drapeau différent.

Basile, philosophe naïf, Paris le 26 juillet 2017

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