dimanche 27 août 2017

849 Sexualité ou parasexualité

On connaît tous plus ou moins le célébrissime et très freudien « Complexe d’Œdipe » : le petit garçon souhaite posséder sexuellement sa mère et tuer son rival sexuel de père. Je n'ai pas rencontré toutes les variétés possible de comportements et admets que Freud a possiblement rencontré de tels petits garçons. Pourquoi pas ? Là où je m'inscris en faux contre lui, c'est quand il prétend généraliser ce mode de fonctionnement à l'ensemble des petits garçons de tous les temps et du monde entier, passé, présent et futur.

Déjà en considérant mon propre exemple. J'ai été élevé dans les années 1950 dans un milieu familial terriblement complexé et coincé sexuellement, où on ne parlait pas de ça à table. N'allant pas à l'école et n'ayant aucun ami, je ne risquais guère d'entendre parler de l'acte sexuel. Comment aurais-je pu rêver très petit pratiquer un acte dont je n'ai découvert l'existence que seulement vers l'âge de treize ou quatorze ans ?

Par ailleurs, pas du tout violent et jamais battu je ne me souviens pas avoir nourri des projets meurtriers à l'égard de mon père. Et j'ai bonne mémoire.

On objectera ce qu'on voudra pour démonter mon argumentation. Par contre il est une chose qu'on peut passer au feu de la critique : c'est l’interprétation que fait Freud de phénomènes qu'il aurait observé. Il déclare que l'homme qui pénètre avec son pénis le vagin d'une femme la possède. Mais en réalité il ne possède strictement rien. C'est là une interprétation culturelle qu'on peut suivre ou non. Quantité de traditions culturelles l'affirment et jusqu'au vocabulaire, mais cette « possession » est une vue de l'esprit. On l'a même inscrite dans la loi française : « Les époux se doivent soutien mutuel et fidélité. » Durant la cérémonie municipale et laïque du mariage civil, le maire déclare aux nouveaux mariés : « Je vous déclare unis par les liens du mariage. » Ces fameux « liens » relèvent également d'une vue de l'esprit. Il s'agit là de conventions destinées à garantir la filiation héréditaire pour la transmission des héritages.

Freud avance ensuite que si existe un rival, ici le père, le petit garçon veut le tuer. Il donne donc pour définition du rival l'objet d'une jalousie exclusive et meurtrière. Mais tous les hommes ne témoignent pas nécessairement d'une telle forme de jalousie. Et certains ne sont y compris pas jaloux du tout.

On dirait ici que Freud a attribué un comportement unique à des millions de gens différents qui ne suivent pas du tout forcément un même comportement. Il a aussi parlé de « sexualité enfantine ». Il s'est arrêté à des apparences et a généralisé là aussi à sa façon.

Certes, on voit de très petits enfants qui « se touchent » par exemple. Mais peut-on pour autant mettre cette activité circonstancielle et ponctuelle sur le même plan que le comportement adulte ? Un dragueur professionnel va passer des années et d'innombrables heures à chercher à « capturer » ses proies. Le petit enfant va se toucher puis passer à autre chose. C'est là une activité parmi d'autres et elle n'est pas plus importante pour lui que d'autres activités. Certes, elle ressemble un peu à ce que nous considérons comme étant la sexualité adulte. Elle ressemble seulement et n'en est pas l'équivalent. Dans ces conditions il est plus exact de parler de l'existence d'une parasexualité enfantine et pas du tout d'une sexualité enfantine. C'est essentiel pour comprendre les choses de tâcher de les définir au mieux. Cette parasexualité existe aussi chez les humains ayant atteint « l'âge adulte » et n'est pas sans conséquences importantes. Son existence est la plupart du temps niée alors qu'elle représente une part très importante du comportement humain. L'admettre remet très largement en cause l'existence même du patriarcat et de bien de ses aspects très envahissants.

Basile, philosophe naïf, Paris le 27 août 2017

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