vendredi 22 septembre 2017

858 Les méfaits du consumérisme sexuel

Il existe au moins deux approches fondamentalement différentes de l'acte sexuel : la naturelle et l'intellectuelle. En quoi consistent-elles ? Dans le premier cas elle résulte du désir authentique et réciproque. Dans le second cas elle résulte d'un conditionnement culturel. On raisonne et on se dit : « c'est bien et possible de le faire, alors, allons-y ! » En agissant ainsi, l'amour devient une cause d'angoisse : l'autre sera-t-il d'accord ? Sera-t-il satisfait ? Vais-je y arriver ? Serai-je à la hauteur ?

Exemple : une femme retrouve son amoureux qu'elle n'a pas vu depuis un certain temps. Tout d'abord, devant le rencontrer dans la journée, elle n'arrive pas à avaler quoique ce soit avant et même après les retrouvailles. Le soir elle s'égare dans ses déplacements professionnels en se trompant de station de métro. Enfin, elle mange pour la première fois de la journée et est pris d'un terrible mal de ventre qui dure une partie de la soirée. Pourquoi ces réactions ?

Au lieu de se sentir sereine et rassurée de revoir son amoureux, elle angoisse devant la perspective de devoir réaliser l'amour intellectuel. L'acte sexuel non désiré naturellement mais décidé intellectuellement. Cette perspective, elle la trouve allant de soi. Son « physique » se rebiffe. Et comme le ventre est le siège de toutes les émotions, celui-ci envoie un signal de son mal-être.

Ces maux seront attribués à « la nervosité », « l'émotivité ». Ils témoignent en fait de réactions naturelles face au désordre sexuel induit par la culture du consumérisme sexuel. Celle-ci implique de baiser le plus possible si on est jeune et amoureux, en dépit de l'absence de gloutonnerie sexuelle naturelle. La mécanique anatomique et affective n'apprécie pas cette brutalisation et le fait savoir d'une manière ou d'une autre. Chez les garçons, ça pourra être l'absence d'érection ou l'absence d'éjaculation ou l'absence de sensibilité jouissive tactile. Ces réactions ne seront souvent ni comprises, ni analysées. Tout se présente bien et il y a malaise. On parlera de malaise, « panne de désir », « dysfonctionnement érectile », etc. Ces explications impliquant un geste psychologique ou médical et pas une remise en question de la démarche consumériste sexuelle. Nombre de « spécialistes » plus ou moins autoproclamés en profiteront pour faire payer leur intervention.

Ce qui n'arrangera rien c'est l’ignorance qui fera attribuer aux réactions au niveau génital la valeur d'une sorte de commandement de pratiquer le coït. Alors que ces réactions ont très souvent une autre signification. Si un nouveau né bande, personne ne dira qu'il veut faire l'amour. Mais allez expliquer à un jeune homme que son érection n’appelle pas nécessairement le coït quand il est en galante compagnie !

Si la démarche consumériste sexuelle persiste, il y a risque que à la longue la relation avec l'autre devienne insupportable sans que le motif de ce changement de sentiment soit clair. « Tout allait bien et elle m'a quitté » est un propos que j'ai entendu plusieurs fois. C'est souvent la femme qui donne le signal de la rupture inexplicable par l'homme concerné par cette rupture. Avec l'âge, c'est bien souvent la sexualité en général qui se révélera lassante, énervante, ennuyeuse, décevante. En France et à Paris, nombre de cinquantenaires des deux sexes tirent un trait de facto sur les activités de « sport en chambre » qu'ils attribueront à la période de « la jeunesse ».

Le grand perdant restera l'amour et son compagnon naturel : la tendresse. Une prise de conscience de la réalité du phénomène est possible. Calme et sérénité viendront alors rejoindre l'amour qui ne sera pas du tout nécessairement et automatiquement « sexuel », c'est-à-dire amenant à la réalisation du coït. Nombre de gens resteront cependant dans l'ignorance de la réalité. Souvent ils diront : « l'amour je n'y comprends rien », ou bien encore : « le sexe opposé est bien trop compliqué et incompréhensible pour moi ».

Basile, philosophe naïf, Paris le 22 septembre 2017

857 Blocage sociétal

Contrairement à une idée souvent répandue dans la société française et parisienne, les femmes seraient généralement infiniment plus motivées que les hommes par le sexe et les câlins, mais cette motivation aurait beaucoup de mal à s'exprimer.

Les femmes ne l'expriment pas le plus souvent parce que règne partout dans la société, comme un poison universellement répandu, la peur diffuse, omniprésente et permanente du viol. Combinée à l'immémoriale domination patriarcale, cela donne le fait que, par exemple, si une femme habillée « sexy » est la victime d'un viol, nombreux seront les imbéciles à déclarer qu'elle l'a bien cherché. Pire, qu'elle est la responsable de son agression parce qu'elle a « provoqué ». Alors, dans cette atmosphère malsaine régnante on imagine qu'il est des plus difficile, ambigu et risqué pour une femme de déclarer qu'elle aime le sexe, ou simplement les câlins, pas nécessairement « sexuels ». L'intolérance sexuelle régnante ayant pour effet de réduire les caresses, bisous, câlins à être soi-disant des « préliminaires » de l'acte sexuel soi-disant obligatoire et obligatoirement jouissif.

Une conséquence calamiteuse et générale de cette manière obtuse et bornée de considérer la relation tactile, est que la peur du viol implique la peur panique du toucher entre adultes. Si par exemple on effleure la peau d'un inconnu ou une inconnue dans le métro parisien, on doit s'empresser de s'excuser. Comme si on l'avait agressé. Pourquoi ? Parce que le toucher entre adultes est très abusivement classé « exclusivement sexuel » ou presque. Et pourquoi si c'est « sexuel » ça doit être forcément violent et odieux ? Parce que le sexuel implique le viol.

Cette peur panique, diffuse, omniprésente et permanente est le produit de l'artificielle fringale sexuelle masculine. Pour « être un homme » un homme doit obligatoirement baiser ou chercher à baiser en permanence. Ce conditionnement dévastateur est conforté par le mythe de la puissance, qui irait de pair avec la soi-disant jouissance extrême et obligatoire de tous coïts, et la soi-disant obligation d'« honorer » toutes les femmes rencontrées en cherchant à baiser avec.

Ce conditionnement et ces mythes sexuels sont d'origine culturelle et pas d'origine « naturelle » comme on l'entend très souvent affirmer. Si l'homme s'interroge pour identifier ses vrais désirs et pas ceux issus de son bourrage de crâne et de la publicité pour le consumérisme sexuel, il se rendra compte que son désir de coït et bien moins fréquent qu'il ne le croit. Cette prise de conscience, qui n'est pas forcément évidente à atteindre, constitue une véritable libération et une réconciliation avec soi-même. Durant des dizaines d'années l'homme aura cherché « comment arriver » à baiser des femmes qui lui résistent... Là, il s'attache dorénavant à suivre son désir effectif et véritable. Il se découvre alors en paix avec lui-même et le sexe opposé. C'est ce qui m'est arrivé.

La croyance dans la légitimité du consumérisme sexuel à induit y compris des comportements féminins complémentaires du désordre masculin solliciteur permanent du coït. S'échapper aussi de cette impasse constitue pour l'homme un progrès psychologique significatif. Non pas que « le sexe » soit mauvais. Mais s'il est mal venu, artificiellement programmé, il nuit gravement à l'équilibre relationnel. Quand on suit bêtement le conditionnement hyper-sexualisé régnant, ça conduit à un véritable blocage sociétal. On rêve de baisouillage généralisé, on se branle devant des vidéos pornographiques mettant en scène ces pratiques, et on est de plus en plus seul.

Notre société n'a jamais été autant gavé de pornographie filmée ou photographiée, d'articles et livres vantant la baise à tous prix et à tous va et dans toutes sortes de déclinaisons. Et il n'y a jamais eu autant d'individus se plaignant de souffrir de la solitude. Il est grand temps d'envisager une vaste réforme des mœurs et des comportements humains pour plus de bonheur et de liberté.

Basile, philosophe naïf, Paris le 22 septembre 2017

lundi 18 septembre 2017

856 Un grandiose anniversaire

Dans trois ans, le 11 août 2020, ce sera le 2500ème anniversaire de la bataille des Thermopyles...

Cet événement doit dignement être fêté. Tout d'abord à Paris, rue des Thermopyles et aussi rue Léonidas.

Ensuite en Belgique où un chocolatier très connu porte le nom de Léonidas.

Et enfin en Grèce, où les Grecs sauront bien commémorer l'événement !

Nous avons trois années pour préparer la fête.

Basile, philosophe naïf, Paris le 18 septembre 2017


dimanche 17 septembre 2017

855 L'origine de la détresse humaine

L'origine de la détresse humaine tient à ceci : les humains naissent avec leur conscience originelle intacte. Mais l'homme est un singe qui va faire l'homme. Et n'arrivera plus ensuite à se situer précisément. Il sera dénaturé.

Dans le conditionnement culturel humain on trouve parmi d'autres choses l'interdiction de la nudité publique. Celle-ci a une conséquence curieuse et troublante : la castration visuelle. Les humains de sexe mâle sont privés la plupart du temps de la vue de leur appareil génital. Ce qui ne sera pas sans conséquences psychologiques importantes. Privés de cette vue la plupart du temps ils vont être obnubilés par cet organe caché. L'importance qui lui est accordée en témoigne. Il existe même des hommes qui se font opérer pour avoir un pénis plus volumineux. Cette prétention absurde et ridicule est le produit de la castration visuelle.

Un autre trouble sera suscité par le sevrage tactile. La prohibition du toucher,  l'ostracisme et la spécialisation sexuelle dont souffrira le toucher sera la source de problèmes importants.

Dans la conscience originelle existe également la prédisposition à la toilette linguale. Celle-ci sera bannie.

Arrivé à l'âge où la reproduction devient possible, parfois même avant, les humains verront la nudité, le toucher, la toilette linguale être dévolus à l'activité coïtale. La confusion qui en résultera sera très grande dans l'esprit des humains. Ils ne parviendront généralement pas à se situer précisément.

Les humains de sexe masculin seront plus troublés que leurs homologues de sexe féminin. Ces dernières chercheront à s'adapter aux hommes. Et y parviendront jusqu'à un certain point.

Ainsi, par exemple, j'ai connu une jolie fille qui, pour ne pas subir trop souvent les assauts sexuels mal venus de son compagnon, faisait logement séparé d'avec lui. Cette solution lui assurait une certaine tranquillité. Mais celle-ci cessait d'être possible en cas de naissances d'enfants qu'on souhaiterait élever à deux.

Quand un homme est obnubilé par la recherche permanente du coït, sa compagne peut essayer de s'adapter. Généralement ça ne marchera pas longtemps. La séparation, le plus souvent initiée par la femme, surviendra inévitablement.

Dans notre société française et parisienne, le sexe sera traité comme tout le reste : comme une marchandise, un produit de consommation. Ce qui fera que de très nombreux livres, revues et émissions de radio ou télévision accumuleront des âneries s'agissant de l'amour et de la tendresse. Pour les justifier on verra intervenir des individus affublés du titre de « sexologue ». Ce titre ne garanti effectivement aucune compétence. Aucune loi ne règle son usage. N'importe qui, vous, moi, pouvons dès demain nous autoproclamer « sexologue » sans risquer aucune poursuite.

La pensée unique règne un peu partout s'agissant de « la sexualité ». On aurait pu penser que la réflexion viendrait tempérer les affirmations imbéciles. Il n'en est rien. Le mot d'ordre est : « consommez ! » Peu importe les conséquences psychologiques, faisons de la sexualité un consommable. Sans foi, ni loi, ni règle, la seule étant de baiser le plus possible, le plus souvent possible avec le plus grand nombre de partenaires possible... Manger quand on n'a pas faim, baiser quand on n'en a pas envie... L'essentiel restant de toujours consommer autant et plus.

Basile, philosophe naïf, Paris le 17 septembre 2017

mercredi 13 septembre 2017

854 Le domaine des faux semblants et des paroles interdites

Je connais une jolie jeune fille qui adore le sexe. Ce qui ne signifie nullement qu'elle va faire des choses sexuelles avec le premier venu. Au contraire, elle est hyper-sélective. Elle a un copain attitré. Lui assure-t-elle l'exclusivité de ses câlins ou non ? Je n'ai aucun élément pour l'assurer ou l'infirmer. Je remarque cependant ceci : on peut déclarer adorer le tir à l'arc, la cuisine, la collection d'assiettes anciennes, le jardinage, la poterie, la pêche à la ligne, la philosophie grecque ou chinoise antiques... tout ce qu'on voudra, mais pas le sexe. Si une jolie jeune fille déclare qu'elle adore ça, on prendra mal ou on interprétera mal son propos. Il ne lui reste qu'à se taire à ce sujet.

Cette même jeune et jolie fille a un postérieur splendide. Il est hors de question de le proclamer. On peut clamer la beauté de sa maison, son chien, son chat, ses enfants... mais pas la beauté des fesses de quelqu'un. Ou alors on passe pour un coureur, un mal-élevé, ce qu'on voudra.

Il existe donc des domaines, pourtant importants, où la parole n'est pas libre. Reste à se rabattre sur un langage officiel et convenu. On peut dire qu'on est « l'ami » de quelqu'un, son « fiancé », son « mari », pas qu'on aime coucher avec. Le dire est grossier. Il n'existe aucun moyen poli pour le dire.

L'autre jour une amie m'interrogeait au sujet de la jolie jeune fille dont je parlais au début de ce texte. Je n'ai pas pu lui dire : « cette jeune fille adore le sexe », mais : « elle a un copain ». Impossible d'être sincère.

Non seulement on ne peut pas être sincère, mais de plus, si on essaye de l'être, on dit une chose et votre interlocuteur en entend une autre.

Si je dis par exemple que cette jolie jeune fille me plaît, on traduira par : « il veut coucher avec » ou : « il aurait bien aimé le faire ».

Dire les choses clairement n'est pas possible. Comment s'étonner ensuite des cafouillages innombrables dans le domaine des amours ?

Une jeune fille me demandait un jour si je voulais de sa part des petites caresses. Je m'empressais de dire non. Puis m'en mordit les doigts toute la soirée. Pourquoi j'ai dit non ? Parce que c'est « correct » de dire non. Quand est-ce correct de dire oui ? Jamais, sauf dans le cadre d'un mariage.

Le conditionnement est tellement fort qu'on suit le vocabulaire admis, sans réfléchir plus avant. On nous apprend à dire « non » quel que soit notre avis positif ou négatif.

Tout est tellement interdit qu'on fini dans le ridicule. On se tait. On est maladroit. On ne sait pas trop quoi dire. Tout ce malaise a une origine : le mythe de la baise obligatoire pour rentrer dans le monde imaginaire du « Grand Amour », qui n'existe pas.

Celui qui ne suit pas les règles dominantes, les modes omniprésentes, c'est bien simple : il n'existe pas. Et comment pourrait-il exister ? Avons-nous besoin de proclamer que nous sommes naturels et désobéissants aux modes pour être naturels et désobéissants aux modes ? Non, bien sûr, pour être cela il est impossible de se justifier ou faire des discours. Pour finir, remarquons qu'à une époque où on ne jure que par la communication, il est impossible de dire simplement « j'aime le sexe » comme on pourrait dire « j'aime la musique » ou « j'aime les oranges pressées ». Et il est impossible de dire « ce fessier est très beau » comme on pourrait dire « ce bouquet de fleurs est très beau ».
Basile, philosophe naïf, Paris le 13 septembre 2017

vendredi 8 septembre 2017

853 Consumérisme, légendes et mimétisme sexuels

Dans la pensée dominante de notre actuelle société française et parisienne règne le consumérisme sexuel. Il est souvent affublé du masque de « l'épanouissement sexuel ». Il faut absolument, on doit à tous prix trouver la cheville à mettre dans la mortaise ou la mortaise où enfoncer la cheville, sous peine d'être disqualifié socialement. D'avoir « raté sa vie sexuelle », voire sa vie tout court. Le but suprême de l'existence se résumerait à quelques secondes d'émission de liquides dans les réservoirs naturels ad hoc. Cette pitrerie étant avalisée par des masses d'écrits pseudo-scientifiques et le vocabulaire même. Le liquide de Cowper émis par le pénis en excitation n'est-il pas baptisé « liquide pré-coïtal », sous-entendu que son émission commande l'arrivée de l'acte qui suit ? De graves politiciens au détour d'une interview se sentent obligés de préciser « qu'ils y arrivent encore ». Et le moindre couillon peut s'intituler « sexologue » ou « sexothérapeute » sans risquer la moindre ire de la Justice pour contrefaçon. L'usage de ces mots n'étant pas réglementé.

Pour conforter le discours qui prétend la baise obligatoire et régulièrement pour tous, qu'on en ait envie ou non, des légendes sont là, et des modes d'emploi à suivre sont énoncés. En gros, il faut trouver « chaussure à son pied » et ensuite faire et réciproquement les putes exclusives et bénévoles. La preuve qu'on s'aime c'est qu'on met le machin dans le trou. Et jamais dans un trou d'une autre personne. Si on cherche un machin ou un trou, le premier acte de la recherche consiste à « faire le test » afin de pouvoir être prêt à l'ouvrage sans communiquer ou recevoir la maladie nommée SIDA.

Le résultat de cette « mécanisation de l'amour » est l'omniprésence du mensonge, de la ruse, la manipulation, la dissimulation. Quand le gars aborde la fille il se demande : « comment vais-je y arriver ? » La fille se dit : « il veut y arriver, qu'est-ce que je fais ? » Et l'échange des mensonges et hypocrisies commence. Le chat est devant l'assiette de poisson et déclare : « mais non, je n'aime pas ce poisson-là », voire : « je suis pratiquement végétarien ». La fille répond : « ce poisson n'est pas pour toi, j'ai déjà un copain ». Et la comédie débute et dure. Pas question d'être sincère, ce serait grossier. Le mensonge est là , partout, tout le temps, en permanence. De temps en temps le garçon fini par mettre le machin dans le trou et constate que ce n'est pas génial. Il est déçu. Alors, au lieu de se remettre en question... il cherche un trou chez une autre personne.

Quand on échappe à ce flot de stupidités, en se disant qu'on peut vivre sans elle, on se retrouve comme « auto-marginalisé. On rencontre la pression du mimétisme sexuel. « Comment ça ? Tu ne cherche pas un trou ? Mais tout le monde le fait ! Tu dois être malade ou pédé ! » Ou : « tu n'as pas encore rencontré la bonne personne. » Rester tranquille est assimilé par les autres à une déficience.

Je disais dernièrement à une sympathique dame que j'avais abandonné la course au trou. Elle m'a répondu : « ne dis surtout jamais ça à une femme, elle sera horriblement vexée ». Et voilà le conseil que je reçois à Paris en 2017. Si vous ne cherchez pas le trou, ne le dites surtout pas. Et quand on cherche le trou, à vous baffes et râteaux.

Je ne cherche pas l'amour, les câlins, les caresses, le sexe... Je ne débite pas la vie en tranches comme s'il s'agissait d'un saucisson. Je vis tout simplement et n'attend rien. Me raccorde à l'amour universel qui se décline entre humains comme l'amour du prochain. Cet amour prend ou ne prend pas une forme ou une autre. Forme toujours changeante, comme les nuages dans le ciel. Je suis heureux d'avoir dit adieu à la principale angoisse de mes contemporains : la quête inlassable et affolée de « l'amour », mot tiroir rempli d'une masse de contradictions et idées incohérentes, rutilantes et imaginaires. Je vis tout simplement, sans chercher à faire rentrer mes relations dans le cadre d'équations imaginaires. Sensées m'assurer le bonheur standard, sur mesures, permanent et égal pour tous. Cette « recherche de l'amour » équivalant souvent à un voyage en Absurdie.

Basile, philosophe naïf, Paris le 8 septembre 2017

dimanche 3 septembre 2017

852 « Le coup de Kamar »

Un illustre philosophe des temps passés à écrit un jour : « seule sur Terre la bêtise humaine peut nous donner une idée de l'infini. » Au risque de passer pour le plus affreux des machos et antiféministes patriarcaux, j'enrichirais ainsi cette phrase : « seules sur Terre la bêtise humaine et l'hypocrisie féminine peuvent nous donner une idée de l'infini. » J'écris cette phrase aujourd'hui et pourtant je ne pense pas être un vilain macho et un adulateur du patriarcat. Mais voilà : au cours des millénaires, que dis-je ? Des dizaines des milliers d'années passées, les femmes ont été maltraitées, écrasées, dominées, agressées, insultées de myriades de façons par la plupart des hommes. Encore aujourd'hui nous sommes très loin du respect réciproque et de l'harmonie entre l'homme et la femme.

Physiquement en général plus faibles que les hommes, les femmes ont développé un système de défense et résistance terriblement sophistiqué. Et comme elles ont l'intelligence, la sensibilité et l'intuition, elles ont élevé l'hypocrisie au rang des Beaux-Arts. Moi, qui suis presque maladivement attaché à la sincérité suis encore effrayé devant les abîmes qu'ouvre ce système de défense. Système qui n'existerait pas si les hommes étaient en moyenne plus respectueux et aimables avec les femmes.

Dans ce système de défense auquel j'ai été confronté quand bien-même je ne cherchais pas à agresser, j'ai pu relever une manière de faire que j'ai baptisé « le coup de Kamar ».

Je l'ai baptisé ainsi en référence à une chatte tricolore qui porte le nom de Kamar. Mot qui signifie en arabe « petite Lune ». Cette chatte que je connais bien s'est spécialisée dans la forme d'approche consistant à venir se frotter à vos jambes, accepter quelques caresses et zou ! Vous balancer un bon coup de griffe.

Pour réaliser le coup de Kamar il faut une fille belle, maligne et séduisante et un homme un peu benêt, respectueux, poète, bref, moi par exemple.

La fille fait mine d'être séductrice. Si le benêt commence à répondre positivement, elle fait durer un peu la situation et puis c'est le moment du coup de griffe. Mais pas n'importe quel coup de griffe. Un coup de griffe culpabilisant le malheureux poète trop sensible et benêt. Soi-disant il aurait manqué de respect, même de façon imaginaire. Le but atteint est pour la fille d'inverser les rôles patriarcaux : l'homme d'ordinaire domine et maltraite. Là, c'est à la fille de dominer et maltraiter. Il s'agit d'une jouissance vaine, superficielle, perverse. Mais sans doute délicieuse pour celle qui en est l'origine et la bénéficiaire.

J'ai énormément souffert du « coup de Kamar » auquel j'ai eu droit à plusieurs reprises. J'avais le plus parfait profil pour en être la victime désignée. À présent quand on tente de me faire le coup, je fais mine de tomber dans le piégé. Je vais m'excuser sans insister tout en ricanant intérieurement. Il est d'autant plus difficile de m'avoir, que je n'attends rien. Quand on est en demande de caresses, de sexe ou d'amour on devient automatiquement débiteur et dépendant. Là je ne suis plus débiteur ou dépendant. De plus je me méfie de tous gestes qui pourraient servir à valider le coup de Kamar. Si une fille est belle, si séductrice apparaît-elle, j'éviterais soigneusement de commencer à y « mettre les mains ». Après avoir pris cette précaution, les reproches qui me seront faites seront des plus ridicules. Je ferais mine de les prendre au sérieux et ne m'en excuserais que plus vivement pour mon inconduite imaginaire, promettant qu'elle ne se reproduira plus. On le voit bien ici, la vie est quelquefois compliquée. Certains hommes et ici certaines femmes s'évertuent à la compliquer plus encore. Il n'y a pas de quoi s'en faire. Il vaut mieux en rire et réagir de façon adaptée.

Basile, philosophe naïf, Paris le 3 septembre 2017