vendredi 20 octobre 2017

864 Une confusion courante dans le domaine des mœurs

Il existe une confusion courante dans le domaine des mœurs. On la rencontre dans la société française et parisienne et très certainement ailleurs également. Mais c'est là où j'ai pu l'observer.

Elle consiste à confondre quatre choses : le toucher, la sensualité, le sexe et « l'amour ». Ce dernier mot pris dans le sens courant de « vie à deux ».

Le toucher est un langage. S'il s'exprime par la caresse, le toucher sensuel, il s'agit d'une denrée de consommation. Le sexe, c'est-à-dire l'acte sexuel, relève du registre particulier du désir sexuel. Quant à l'accord entre deux individus, qui peut inclure ou pas le toucher, la sensualité, le sexe, il concerne un petit nombre de personnes.

Dans notre culture on lie impérativement les quatre. S'il y a toucher, il doit déboucher sur la sensualité et le sexe. Et dans le meilleur des cas être compris dans « l'amour »...

D'où recherches obsessionnelles et précipitées du cocktail idéal : toucher-sensualité-sexe-amour...

Si on émet des doutes, on se voit rappeler à l'ordre : « comment ? Vous êtes contre l'amour ? » Et certains de renchérir : « moi, je ne fais pas n'importe quoi, je recherche l'amour ! » Bref, une seule alternative : l'amour avec un grand A ou n'importe quoi... Devant un tel ultimatum, il n'y a plus rien à dire.

Pourtant il existe des failles dans le système. Depuis bien des années existent les « massages de confort ». Ils se pratiquent couramment dans les services de gériatrie des hôpitaux, et chez les kinésithérapeutes, moyennant finances, bien sûr. Il est question de « confort », le mot « plaisir » est banni. Il sent le soufre...

La confusion toucher-sensualité-sexe-amour est à l'origine de la prohibition du toucher qui règne la plupart du temps. Si vous effleurez ou touchez par hasard un inconnu ou une inconnue, par exemple dans le métro parisien, il faut s'empresser de s'excuser. Sinon ça paraîtra louche.

Si vous avisez une belle nuque ou un beau bras d'un inconnu ou d'une inconnue dans un lieu public quelconque, gare à vous de chercher à y toucher de façon délibérée. Ça pourrait même finir devant les tribunaux.

Pour justifier cet état de choses, on vous dira : « mais l'autre n'a pas forcément envie d'être touché. » Soit, alors peut-on lui demander l'autorisation ? Bien sûr que non, ce serait se faire très mal remarquer. Si par contre l'inconnu tient en laisse un superbe chien, rien n'est plus positivement bienvenu que la question : « je peux le caresser ? » ou « il est très beau votre chien, je peux le caresser ? » Mais par contre il est hors de question de demander à un inconnu ou une inconnue, et même un connu ou une connue : « je peux vous caresser ? » ou « votre bras est très beau, je peux le caresser ? »

Moralité : notre culture nous rend plus proche des chiens que des humains. Les petits enfants qui, quand ils vous apprécient, se jettent dans vos bras, sont aussi plus proches de ceux qu'ils aiment que la plupart des adultes. Adultes qui sont des ex petits enfants qu'on a éduqué, civilisé, dressé... pour être plus aptes à la violence qu'à la tendresse... Elle est belle, notre civilisation ! Peut-être un jour saura-t-elle se corriger en s'améliorant ? Sans doute, mais pour cela il faut commencer par énoncer les problèmes qui se posent. Ce texte prétend modestement y contribuer.

Basile, philosophe naïf, Paris le 20 octobre 2017

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