jeudi 15 mars 2018

912 Le traitement manuel de la dépression

La dépression est un fléau qui touche des millions de gens chaque année et cause le suicide de dizaines de milliers de personnes. Le suicide est la première cause de décès dans la jeunesse. Pour soigner les états dépressifs et prévenir les suicides qu'ils entraînent existent deux formes de traitements combinés : la thérapie verbale et la prise de médicaments.

Avec ces moyens les thérapeutes soignent, guérissent et sauvent chaque année des milliers de personnes. Je proposerai ici un troisième type de traitement : la thérapie manuelle de la dépression.

Ce type de traitement est issu de mon expérience de la vie et de ma réflexion philosophique. J'espère contribuer par ce texte à alimenter la réflexion des spécialistes et partant apporter un soulagement aux souffrance de personnes dépressives.

Préambule : les débuts de notre vie

Qu'est-ce que la psyché humaine ? A la naissance nous sommes à l'état originel. Notre mentalité est celle de l'animal sans industries ni culture transmise et élaborée dans le temps. Le nouveau-né humain n'a pas lu un manuel de puériculture quand il rampe d'instinct vers le sein de sa mère !

Cet « état de nature » paraît ne pas durer. Nous allons être l'objet d'une acculturation plus ou moins complexe. Par exemple : nous allons être habillés avec des vêtements, lavés avec de l'eau purifiée par des filtres et réchauffée, et du savon, etc.

Il faut bien comprendre et se pénétrer du fait que à notre naissance nous sommes entièrement et uniquement à l'état humain originel, quand n'existaient aucune industrie, règles établies, traditions, habitudes culturelles. Par exemple, au moment de déféquer et uriner le petit humain ressent du plaisir et n'attends pas pour satisfaire ces besoins naturels. Il fait ce qu'il a à faire n'importe où et n'importe quand et sans chercher à s'isoler. Alors que plus grands nous nous retenons, le temps de trouver un coin isolé et tranquille si nous sommes en pleine nature ou des toilettes si nous sommes dans un cadre urbanisé. Et absolument toutes nos activités originelles sont traitées de la même façon au début de notre vie. Elles vont ensuite être perturbées par la culture inculquée.

Cependant notre conscience originelle ne s'efface pas. Elle reste présente quelque part en nous et continue à nous structurer. Ainsi nous n'apprenons pas la convivialité ou le plaisir du vivre ensemble. Ces besoins sont dès le départ présents en nous.

Mais ils peuvent être occultés, contrariés, perturbées par notre culture. Au point que l'état naturel nous apparaît comme une forme de désordre et la nature en nous désordonnée par notre culture nous apparaît comme une forme d'ordre. Ainsi l'état naturel devient « la nudité » et nous nous sentons à l'aise seulement une fois habillés. C'est un phénomène courant produit de notre culture.

Cette culture est le produit de dizaines de milliers d'années et de nombreuses générations humaines.

La question de l'ovulation

Un fait historique négligé joue un rôle majeur dans nos civilisations.

Les humains ont inventé l'agriculture et l'élevage il y a vingt mille ans. Ils connaissaient donc la portée de l'acte reproducteur, autrement dit « l'acte sexuel », le coït.

Mais ils ne comprenaient absolument rien à l'ovulation. C'est un fait majeur.

Ils avaient des réactions superstitieuses et effrayées face au sang menstruel. Et ils croyaient que les mâles seuls jouaient un rôle actif dans la reproduction. Déposant leur semence dans la terre passive femelle pour les animaux et féminine pour les femmes.

Cette interprétation ignorante de la réalité conduira les hommes à se croire supérieurs aux femmes. Et comme la terre appartient à qui la travaille, à s'imaginer avoir pour rôle d'être « propriétaires » des femmes.

L'ignorance à la source de cette odieuse aberration durera vingt mille ans, jusque vers 1845. A cette époque, deux médecins français, Félix-Archimède Pouchet et Charles Négrier, vont décrire pour la première fois le fonctionnement de l'ovulation. Mais ce grand progrès de la Civilisation ne va pas faire tomber le produit de vingt mille années de patriarcat ! Il reste encore énormément à nettoyer !

Les conséquences nocives de cette croyance stupide de l'homme dans sa supériorité sur la femme vont être en particulier flagrantes dans le domaine sexuel. Les hommes vont développer une recherche frénétique, permanente et obsessionnelle de ce qu'ils croient être l'acte sexuel. Et qui ne sera dans la très grande majorité des cas qu'une masturbation réalisée dans un orifice naturel d'un tiers.

Aspect dramatique qui va nous intéresser ici : la prohibition du toucher assimilé à une « avance sexuelle ». La croyance dans le caractère systématiquement pré-coïtal de la caresse entre adultes, surtout si elle provoque une érection, va créer une bulle d'isolement autour des individus. Combien d'entre eux ne sont plus touchés ?

Je n'échappe pas à la règle. Avant de prendre tout dernièrement un cours de danse de couples je n'ai plus touché ou été touché par une femme durant cinq années ! Une amie tout à fait séduisante et très féminine qui vit très loin de Paris m'a dit avoir connu une expérience identique. Elle n'a pas été touchée par un homme ou touché un homme durant des années. Elle est sortie de son isolement tactile grâce à des cours de tango.

Quand un individu est victime de la dépression, que se passe-t-il ?

Son sentiment d'isolement tactile est exacerbé. Mais va-t-il pour autant chercher à en sortir ?

La tactilité, tendresse, caresses, contacts... zone sinistrée des rapports humains

Face au conditionnement acquis, nous nous sentons sans forces, désarmés, paralysés, piégés.

Si la caresse entre adultes nous tente, instantanément une lampe rouge d'alerte s'allume : « c'esr sexuel ! Danger : préliminaires ! » ou, au contraire : « ce sont des préliminaires, il faut foncer vers la réalisation de l'acte sexuel ! »

Comme l'acte sexuel est régi par des règles morales, des interdits et des obligations divers, tout toucher devient suspect, interdit. L'être humain adulte se déplace cerné de murs invisibles truffés de sonneries d'alarme.

Les hommes n'osent pas être tendres entre eux. Pourquoi ? Parce que la tendresse entre hommes est assimilée à l'homosexualité et au viol possible.

La tendresse entre homme et femme est assimilée à de la drague. Même simplement regarder une femme avec admiration est considéré comme de la drague. On ne peut même pas regarder une femme sans que cela apparaisse suspect.

La condition de la femme est régie par des règles qui en font une créature soi-disant inférieure à l'homme et dominée par lui. La peur du viol est entretenue et omniprésente.

Le drame est que quand viol il y a, la thérapie tactile est rendue impossible par les règles établies.

Mais qu'est-ce que la thérapie tactile ?

Ce qu'est la thérapie tactile

J'écrivais plus haut que la conscience originelle continuait à être présente en nous. Elle fait que nous avons besoin de toucher, caresses, câlins. C'est un besoin ô combien sinistré.

Imaginons un cas classique : un homme agressif sexuellement s'introduit dans un établissement scolaire. Il parvient à s'attaquer à une très jeune fille, l'entraîne dans un local isolé et la viole. Comment va-t-on la soigner ?

Avec des mots et des drogues médicamenteuses. Soigner un viol avec des mots c'est comme soigner une fracture avec des chansons. A la longue, s'il y a amélioration, c'est surtout indépendant des mots ou des chansons.

Il y a une blessure, il faut la soigner, comment ? Tactilement. Ce qui n'interdit ni les mots ni les drogues médicamenteuses.

Il faut réapprivoiser la victime du viol au toucher. Celui-ci a été dévoyé sous la forme du viol. Il faut rétablir la relation pacifique et chaleureuse entre la victime et le toucher, comment ?

En donnant à vivre le toucher pacifique et originel.

Le protocole de soins

J'imagine une séance de thérapie tactile et ses suites.

Au patient, il faut redonner goût au toucher pacifique. Pour cela il faut extraire le toucher de l'ultimatum sexuel ambiant qui proclame que tous toucher chaleureux entre adultes est un préliminaire ou un parent proche de l'acte sexuel. Donc, pour éviter cette confusion on évitera : le tête-à-tête soignant-soigné, les zones dites « érogènes » et la lumière tamisée.

Le toucher tendre se pratiquera seulement avec l'accord du soigné et s'interrompra en cas de mal vécu par le soignant ou le soigné, sans explications ou justifications nécessaires. La séance tactile aura lieu en présence d'au moins un tiers, proche du soigné. Ce tiers par sa présence va le rassurer. Il pourra, par exemple, tout le long de la séance lui tenir la main.

Le toucher pratiqué par le soignant devra éviter au maximum tout ce que notre culture a l'habitude d'associer ou assimiler à « la sexualité ». Ce toucher aura pour but de réapprivoiser ou apprivoiser le soigné au contact tactile humain. Ce toucher, « toucher pour être senti par l'autre » et non « toucher pour sentir l'autre », j'ai mis des années à l'apprendre après l'avoir incidemment rencontré. Comme le jeu de la vielle à roue il ne s'explique pas avec des mots mais s'explique par l'exemple. Il pourrait contribuer à sauver des dizaines de milliers de vies chaque année.

Basile, philosophe naïf, Paris les 10 et 15 mars 2018

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